samedi 21 novembre 2009

Un joli texe qu'on m'a envoyé sur Facebook, un joli texte avant de dodo!



A nos proches et amis :

Il faut que l'on vous dise...

Nous sommes des femmes atteintes plus ou moins gravement d'un cancer..

Nous n'avons pas les mêmes formes de cancer, nous n'avons pas eu les mêmes traitements, ni connu les mêmes forces, le même courage, les mêmes désespoirs. Nous ne sommes pas les mêmes femmes, chacune a son histoire, mais nous avons quelque chose en commun à vous dire...

Vous nous dites :
"Il faut garder le moral !" Oui, nous essayons de garder le moral et nous vous étonnons de l'avoir, ce moral. Mais attention, sachez que parfois, on vous ment parce que l'on veut vous protéger ! Alors, quand nous pleurons, même si vous avez mal, laissez-nous pleurer, nous en avons besoin... Pour évacuer notre peur, notre douleur, notre révolte... Et si vous-mêmes, vous ressentez le besoin de pleurer avec nous, faites-le, nous ne vous en voudrons pas.

Acceptez l'aide des vôtres pour vous aider à nous aider ! Cessez de nous dire qu'il faut tenir le coup et être forte, accordez nous le droit d'être un peu faible, surtout quand nous sommes avec vous... Nous ne vous demandons pas de nous assister, mais de nous ménager... Si nous allons nous allonger, ce n'est pas parce que nous baissons les bras, c'est parce que nous avons un immense besoin de nous reposer... Non, une promenade au grand air, à la place, ne nous fera pas de bien, nous n'en avons pas la force...

Proposez-nous de l'aide concrète. Par exemple : dites : " Laisse, je vais porter ton pack de lait, je vais aller chercher tes enfants " plutôt que de nous lancer " Tu as besoin de quelque chose ? ", ce qui nous met dans une situation de dépendance... Savez-vous que notre moral ne dépend pas uniquement de notre guérison, des bonnes ou des mauvaises nouvelles, mais aussi des conséquences parfois dramatiques de cette maladie sur notre quotidien : baisse des revenus, perte de l'activité professionnelle,, des transports...

Nous sommes malades et nos traitements sont épuisants. Nous comprenons que votre souhait le plus cher soit que nous ne nous conduisions pas en malades et nous nous efforçons de ne pas le paraître (certaines d'entre nous continuent à travailler, toutes restent des mères et des épouses attentives durant leurs traitements C'est auprès de vous, nos familles, nos amis que nous enlevons, parfois, nos masques de femmes fortes et courageuses, nous vous demandons d'accepter ce rôle ingrat, d'accepter notre vrai visage...

Peut être qu'au lieu d'un " ça va ? " qui semble ne pas supporter autre chose qu'une réponse positive, aurions-nous besoin d'un " raconte-moi "...


"De nos jours, "ça" se soigne !" On le sait, vous nous le dîtes... tellement souvent qu'on se demande qui vous voulez rassurer ! Vous connaissez tous quelqu'un qui s'en est sorti... Il y a eu de gros progrès...... Notre peur de la récidive, d'avoir à se battre à nouveau est permanente et incontrôlable...
Chaque contrôle est un supplice, chaque attente de résultats est insupportable, chaque kyste, chaque bouton nous deviennent suspects...


Mais nous, nous savons que nous ne sommes plus comme avant...

"La chimio, ils ont fait des progrès !" Et heureusement ! Elle nous laisse à terre, sans cheveux, vomissant, elle nous affaiblit et chaque séance, chaque cure est une torture... Prenez le temps de nous accompagner pour nous distraire et nous tenir la main lors des injections... Les brûlures, les douleurs, l'insensibilité, tout cela est invisible (nous dépensons une énergie folle à les cacher) mais permanent... Les sautes d'humeur, nos appels au secours, nos colères, nos révoltes ne sont pas contre vous, ils sont l'expression de notre détresse, de notre douleur...


"C'est fini, maintenant, tu es guérie !" Les traitements sont finis, la vie reprend son cours ... Vous voilà rassurés... et tout est comme avant... Tout sauf nous !

Vous retournez à votre vie après nous avoir tant entourées et vous nous laissez à la nôtre qui ne sera plus jamais comme avant... Nous restons là avec le corps meurtri, la peur, le calme après la tempête, sans force... Et là, le sujet devient tabou... Nous nous sentons abandonnées... Nous n'osons plus vous en parler de peur de vous choquer, vous n'osez plus nous en parler de peur de nous déranger, d'éveiller de mauvais souvenirs... Pourtant, osez nous poser la question : " Et toi, comment ça va dans ta tête ? " Nous en avons encore besoin, acceptez que l'on vous parle encore et que l'on pleure encore...

Osez dire : " ton cancer " et non " tes ennuis, tes soucis, tes problèmes " Le mot n'est ni tabou ni contagieux... Oui, nous avons eu ou nous avons un cancer et nous voulions vous le dire...


Nous voulions aussi vous dire...
Merci

A vous nos maris, nos compagnons, notre amour,

A vous tous, famille, amis, collègues, relations proches ou lointaines qui nous avez entourées, qui avez voulu et su être présents :

Merci à vous qui gardez au plus profond de votre peau, de votre cœur, les marques de nos griffes, celles de notre souffrance physique et morale, de notre rejet, de notre désespoir, de nos angoisses, de nos peurs et de nos appels au secours, c'est à vous que nous avons hurlé, parfois en silence, ce ras-le-bol des traitements, des examens...

Merci d'avoir compris qu'il s'agissait de NOTRE cancer, de l'avoir reconnu et pris en compte dans votre attitude, d'avoir accepté notre agressivité (non désirée par nous mais présente tout de même) en la dissociant de nous : c'est le cancer qui parlait...

Merci de n'avoir jamais oublié malgré notre physique, notre image dégradée, que nous étions toujours des femmes.

Merci d'avoir compris que, malgré toute votre affection, vous ne pourriez pas ETRE A NOTRE PLACE et au lieu de dire " je suis là " d'avoir agi en ce sens sans prononcer ces mots.

Merci d'avoir senti que nous étions " entre parenthèses " et d'y être entré avec nous sans rien demander en retour.

Nous vivons ensemble ou côte à côte \"pour le meilleur et pour le pire\" et depuis quelques mois ou quelques années, nous vous offrons le pire et vous le meilleur. Mais vous savez très bien que si les rôles s'inversaient, il en serait de même...

Merci d'avoir lutté et de combattre toujours avec nous, à nous aider à redessiner et à recolorer nos lèvres d'un sourire, de nous avoir permis de ne jamais quitter des yeux la lumière de l'espérance.

Merci d'avoir été et d'être vous pour nous. Merci de nous avoir laissée être nous pour vous.

Merci enfin de nous avoir permis d'être nous pour nous.

Notre reconnaissance est à la mesure de notre amour : immense! 


12 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand je lis ce joli texte, j'ai l'impression que c'est Sophie qui l'a écrit.
Elle ressent tellement la même chose.
Mais, nous , parents, on sait ce que vous viviez.
Vous êtes fortes et continuez à l'être.

Ingrid | Mémorables oublis a dit…

J'en ai les larmes aux yeux... Car même si mon père a Alzheimer et non un cancer, ce sont nous, ses proches qui souffrons et nous battons le plus quotidiennement.

Anonyme a dit…

Très très émouvant, vrai, sincère,ce texte est .....

Il me bouleverse...alors, je n'écris rien ou alors..."raconte-moi" ta vie d'après le cancer comme tu le fais si bien.
Je serai toujours là à te lire...

Je t'embrasse ma puce.
Bon dimanche.
Kikie.

Pelinou a dit…

Anonyme => Vous devez être la maman de Sophie :)
Oui je crois que chacun d'entre nous, chaque malade peut écrire ce texte. C'est sir fort, si poignant, si vrai...

Ingrid => Je crois que les proches sont eux aussi impliqués dans la maladie. Moi je sais que rien le fait que de voir sa fille, son amoureuse, sa nièce dans cet état, de devoir rien dire pour ne pas la blesser, c'est insurmontable...

Kikie=> Il m'a aussi bouleversé ma kikie! Oui maintenant place à ma vie après le cancer! :)

Anonyme a dit…

Bonsoir,
ce texte est tellement criant de vérité et même si nous, maman, nous n'avons pas vécu ces souffrances, nous les avons ressenti dans notre chair !
Quand Clémentine a évoqué la rechute, je ne lui ai pas dit que tout irait bien...
Quand elle m'a demandé si elle souffrirait avant de partir, je ne lui ai pas dit que non....
Je ne lui dit jamais courage car je déteste ce mot...
Quand elle se trouvait horrible avec son côté "sumo poilu" du aux corticoides et à la cyclosporine, je ne lui disais pas, mais non, tu es belle....
J'ai toujours été là, pour la soulager mais je crois qu'il faut être maman pour comprendre et rester à l'écoute !
Bon, aujourd'hui, tout va bien, elle n'est plus épuisée, juste un peu fatigué mais c'est normal avec les études.
Je vois que toi aussi tu te bats pour tes études, manière de combattre le reste :o))
Je te fais de gros bisous et te souhaite un bon dimanche
Affectueusement
Val
Maman de Clémentine

Hannah a dit…

Superbe. Cela me laisse sans voix à vrai dire. Ce texte devrait être mis entre les mains de tous les proches de gens atteints de cancers !

Sophie a dit…

Tellement vrai...

odile a dit…

très émouvant ce texte,ilest tellement vrai ,
alors pélinou raconte ta p'tite soirée d'hier avec tes amis.!!!bien j'espère.
moi j'ai passé la journée avec ma fille !!!que du bonheur.je t'embrasse

Sambana a dit…

Waouh! je crois qu'on connait tous une ou plusieurs personne de notre entourage d'une maladie aussi grave que le cancer! hélas bien qu'on soit proche on ne 'connait' pas ces ressentis! merci pour ce texte il me semble car m'a permis d'être un peu plus raproche de votre ressenti!
bises

Monique a dit…

Le sous-marin fait surface pour te dire qu'il est très ému par ce texte.
J'aurais aimé que mon fils me dise tout cela... parce que, même en tant qu'homme, il a dû ressentir et penser ces choses.
Je t'embrasse, Pelinou, et prend bien soin de toi.
Monique, maman de Fabien

Pelinou a dit…

Val=> Oui c'est un texte magnifique qui transmet si bien nos doutes, nos besoins à nous malades. Même si nos proches, nos familles sont là, quelques fois des maladresses, des sous-entendus subsistent et je crois que ces mots permettent de dire "Oui on sait qu'on est malade, oui on peut mourir, on le sait, soyez francs avec nous, voyez notre souffrance!"...
Bon courage à Clémentine dans ces études, et je sais que c'est pas facile, prépa littéraire déjà?

Loupy et Sambana =>Oui je crois que les proches de malades devraient lire ce texte, car souvent les malades n'arrivent pas aussi bien à mettre des mots sur leurs ressentis...

Sophie => Ca rappelle pas mal de choses...

Odile => J'espère que tu as passé un agréable dimanche avec ta fille, quel âge a-t-elle?

annick a dit…

c'est un très beau texte en effet. très bien formulé. ça nous permet de mieux comprendre et d'avoir des conseils au cas où on rencontrerait ce genre de situation.