dimanche 24 mai 2009

Le syndrome de Stockholm

Les jours passent... En avais-je douté?
Honnêtement oui, surtout durant les chimios à l'hôpital... Je me disais que ça ne cesserai jamais, que c'était sans fin... Mais voilà c'est fini! Et pourtant...

Je vois donc ma psy courant juin. J'ai envie de la revoir, de rediscuter avec elle, de faire le point, de revenir sur mes traces.
Je pense beaucoup à cette période, à ces moments... Je me dis même "j'aurais dû faire ça", "pourquoi j'ai pas agis comme ça", etc. J'ai l'impression que c'est une sorte de syndrome de Stockholm, je commence à avoir de l'empathie pour cette période noire de ma vie... Je ne me sens pas débarassée de tout ça! C'est encore trop présent.
Mes propos sont assez confus, j'espère que ma psy pourra m'aider mettre des mots sur tout ça.

Sinon je continue toujours mes séances de réeducation. Je n'ai pas l'impression que ça avance, mais apparament c'est normal, ça avance doucement.
De toute façon je vais à Cochin jeudi afin de commencer une réeducation plus spécifique là-bas. On verra ce qu'on va me dire... Parce que de ne voir aucune avancée ça décourage! J'ai l'impression que je vais me traîner cette béquille encore longtemps...

En même temps, ça ne devrait pas être aussi important, j'ai échappé à bien pire. Je reviens tout doucement d'un cancer, donc si le prix à payer est d'être avec une béquille, je devrais être "ravie". Je me dis que je ne dois pas être si exigeante, que je ne dois pas en demander autant. Je suis en rémission, ça doit être la seule chose qui compte! Mais c'est pas si évident...

Dans un tout autre registre, mardi, j'ai rdv avec un directeur d'un établissement financier, qui doit me faire visiter des salles de marché, me parler de son boulot... Ceci s'inscrit dans l'action mené par une association nommée DEFI (http://www.defi.asso.fr). DEFI (Donnons de l'Espoir Face à l'Inconnu) aide les jeunes adultes gravement malades à remettre le pied dans le monde professionnel, à garder leurs projets pro.
Je les ai rencontré à l'Institut Curie, mais étant peu en forme, je ne réalise mon DEFI que maintenant que ça va mieux. D'ailleurs, je les remercie par ce biais. Durant cette maladie, on oublie nos projets, notre avenir pro, le fait qu'une asso nous aide à les mettre en forme, à les développer, à créer des liens pro, un réseau c'est vraiment constructif!

Je vais également reprendre mes études en septembre. Il me reste deux ans pour obtenir mon Master. Avant de tomber malade, j'envisageais de faire ces deux années en alternance, c'est à dire : deux jours à l'école, et trois jours en entreprise. Mais avec tout ça je ne sais plus si je pourrais faire face. Mener à bien les cours, les divers devoirs/dossiers, et le travail en entreprise, ça va être difficile. Je me dis que j'ai besoin d'une reprise plus progressive!
D'ailleurs, je suis preneuse de tous conseils ;)

Je profite aussi de ces quelques mots pour témoigner de ma sympathie à Héléne et son mari Eric, et Salomé qui traversent des moments difficiles...

3 commentaires:

Lexprepa a dit…

Je trouve ce sujet très intéressant, mais trop profond pour moi, pour écrire quelque chose de consistant. C'est un véritable dilemne dans la vie : en rapport à une situation difficile, on a toujours la tentation de la complaisance.

J'ai une vague intuition qu'il ne faut pas y céder, que c'est un piège, mais je suis incapable de l'affirmer ou d'expliquer pourquoi.

Je peux essayer d'argumenter : les gens qui s'attachent à leur bourreau (même si le bourreau est une maladie, une épreuve, un conflit...) ont tendance à devenir eux-même des bourreaux pour les autres, à proposer leur expérience comme supérieure aux autres, et parfois, à faire du prosélytisme.

J'ai vu des gens se dire heureux d'un deuil qui leur aurait "ouvert les yeux"... alors on tue tout le monde ? ou d'une maladie qui les a rendu plus lucides : alors il ne faut plus faire de prévention... ou d'une épreuve quelconque qui les a fait grandir : allons-y, sectes, drogues, crimes... on en ressortira grandis.

Non, honnêtement je crois que c'est une perversion. L'épreuve reste l'épreuve, la souffrance reste la souffrance, et ce n'est pas un bien en soi.

Je dirais plutôt qu'il y a un tri à faire. Durant ces derniers mois, tu aurais pu progresser d'un point de vue "expérience professionnelle", tu as progressé d'un point de vue "expérience humaine".

Donc d'un point de vue professionnel tu y as perdu, c'est incontestable (et c'est dur, je sais bien). Mais d'un point de vue humain tu y a gagné et là où tu as une chance, c'est que ton métier a une composante humaine. Si tu étais en formation de laborantine, ça aurait été profit nul, un an perdu pour rien. Mais toi, tu pourras "capitaliser" (tu as vu, j'utilise des mots super dans le vent) ce que tu as développé durant la maladie.

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ah les vaches !

Lexprepa qu'a plein de trucs à dire a dit…

(suite non mais c'est quoi cette censure)

Bon bref pour conclure, je dirais qu'il ne s'agit pas d'aimer "une période" en bloc, mais d'arriver à discerner ce qui a été bon et ce qui a été mauvais. Il est indéniable que tu as perdu une certaine insouciance (la vie éternelle, la santé aquise...) et ça, c'est négatif, parce que c'est plus dur de vivre avec la trouille au ventre. Mais ce genre d'expérience grandit forcément les capacités d'empathie (on a le "champ de vision intellectuel" plus large si je puis dire) et des portes se sont entrouvertes sur des univers que tu n'aurais peut-être pas explorés, et où tu pourras puiser quelques ressources. Méfie toi quand même de l'inconnu.

Le fait que ça te soit arrivé juste à l'arrivée à l'âge adulte ne sera pas anodin, ce n'est pas pareil que quelqu'un qui tombe malade dans la routine des 40 ans, bien installé dans sa vie. C'est sans doute encore trop tôt pour toi, pour réaliser l'impact positif ou négatif que ça aura dans ta vie. Et j'oserais dire, c'est aussi à toi de décider de l'impact que ça aura.

Ca peut être du très positif. En principe après une épreuve les gens écrivent un livre ou créent une association. Tu ne veux pas écrire un livre ou créer une association ?

L'ouverture "DEFI" est vraiment providentielle, il y a des gens super quand même, pour avoir compris qu'il y avait du potentiel à exploiter chez des jeunes adultes dans ton cas.

En fait je dis "un an", mais je ne cerne pas très bien la chronologie des faits. A mon avis le traumatisme, le changement brutal d'environnement auront plus d'impact que les deux années perdues. Je m'explique : si tu avais passé deux années à sécher les cours pour regarder la télé chez toi, l'impact serait nul. Tu aurais perdu deux ans, point.
Là c'est différent. Il y a le temps passé loin des cours, mais il y a surtout le traumatisme à digérer : la perte de l'insouciante jeunesse (oui bon c'est ronflant comme expression mais je n'ai rien trouvé d'autre), la rancoeur "ça m'est tombé dessus, je n'avais rien demandé - si au moins j'avais séché les cours c'est moi qui aurait choisi". Le côté victime qui n'a pas choisi, je trouve que c'est dur à avaler. Se rendre compte qu'on ne maîtrise pas tout, qu'on navigue à vue mais qu'au fond, on est tributaire des caprices de l'océan (bon ça c'est quand je fais de la poésie, ce n'est pas très réussi).

Je vais m'arrêter là parce que je dois écrire les commentaires les plus longs du web.

Lexprepa a dit…

(et puis c'est ta faute si je suis bavarde, tu as des sujets qui m'inspirent)