mardi 2 juin 2009

Rétrospective

Samedi dernier cela faisait exactement un an que le cauchemard a commencé, que le ciel m'est tombé sur la tête...

Depuis mars 2008 j'avais des douleurs à la jambe droite, au début c'était plutôt des courbatures aux fesses. Je me souviens même de la première fois où je m'en suis rendue compte. C'était une fin de journée, j'étais avec ma meilleure amie au Forum des Halles, je lui dis que j'ai mal aux fesses, comme des courbatures après une séance de sport. Elle rit et se moque gentillement en me disant "Tu as fait des folies de ton corps, c'est normal!".

Jamais je n'ai pensé que ça pouvait être si grave...

Un mois après je consulte quand même, mes douleurs sont toujours là, rien d'excessif, mais bon, je suis assez anxieuse de nature. Et puis je constate que je transpire beaucoup la nuit, alors qu'il fait pas spécialement chaud, nous sommes en mars/avril en région parisienne quoi! Autre détail, je sens des picotements sur tout mon corps, comme des petites aiguilles, ça apparaît sur une région précise, dure quelques secondes puis disparaît.
Enfin, tout ça pour dire que je consulte avec ces motifs. Mon médecin m'ausculte, ne trouve rien d'anormal, on parle de mes études, de mes projets, de sa fille qui est dans la même voie. Et il me préconise de faire une radio, même si pour lui c'est musculaire.
Je fais donc ma radio, mi avril, un vendredi, dans une clinique près de chez moi.
En école de commerce, nous n'avons pas cours le vendredi. J'ai donc casé le rdv ce jour là. Il fait beau ce vendredi, je vais faire ma radio puis rejoindre une amie sur Paris pour déjeuner ensemble. Ma radio n'indique rien de suspect.
Je retourne voir le médecin avec les résultats, il me met donc sous anti-inflammatoires et Di Antalvic, si besoin.

Le mois de mai arrive, les partiels, les dossiers à rendre, le mariage de ma meilleure amie (qui connaît des problèmes avec son futur époux 15 jours avant la date fatidique!), mon départ à Londre le 1er juin, mon contrat à signer chez Dexia en apprentissage... Je suis donc assez débordée. Je ne prête pas vraiment attention aux douleurs qui subsistent malgré les cachets.
Toutefois, au sein de cette tumulte, avec mon amoureux nous profitons du 8 mai pour partir à l'Ile de Ré dans la résidence secondaire de ses parents. Sans tout ce qui m'occupe, les douleurs m'apparaissent plus douloureuses, plus vives! Je passe une demi-journée au lit tellement j'ai mal à la jambe. Je me souviens même d'avoir plaisanté avec mon homme en disant "J'ai mal, j'ai mal, c'est un cancer!", n'oublions pas que je suis une anxieuse! Il rit, me traite d'hypocondriaque, et me dit de mettre du Synthol!

Enfin, bref, nous rentrons, mai s'achève. Je commence à sentir une boule au niveau du bassin. Je palpe, la fait palper à mon entourage, parle de ma douleur, mais il me semble que je suis la seule à sentir ce "truc" au bas du dos. Mes proches pensent davantage à une fatigue, avec mes cours, mes projets, le fait que je travaille à côté chez Nespresso et que je sois tout le temps debout...

Le lundi 26 mai je reconsulte, pour faire part de ce "machin" dur que je sens, et demander un nouveau traitement pour les trois prochains mois, puisque je pars dimanche pour Londres.

Le médecin me conseille de faire une échographie avant de partir pour vérifier, il me donne les coordonnées de centres d'imagerie médicale qui pourront me recevoir avant mon départ, c'est à dire dans la semaine.

Il ne me semble pas que ce soit grave, je me dis que si je trouve pas de place, l'échographie attendra mon retour. Je tente quand même quelques cabinets qui ne peuvent me donner un rdv dans la semaine, avant d'abandonner, je tente le cabinet dont mon médecin m'a communiqué le numéro. J'obtiens un rdv le vendredi soir. C'est parfait!

Mercredi 28, je vais manger avec mes cousines, puisque je vais partir, on en profite pour se dire au revoir.

Jeudi 29, mes partiels se terminent à 11H. Je fais quelques achats dans une pharmacie en vue de mon séjour londonien.
A midi, nous allons déjeuner avec ma meilleure amie au resto, elle m'invite pour fêter mon départ, puis nous avons prévu de voir le film Sex And The City qui est sorti la veille.Nous sommes des fans inconditionnelles :) Je passe donc un très bon moment.
Il est temps de rentrer, ma valise pour trois mois n'est même pas faite (encore aujourd'hui, je n'arrive pas à l'expliquer. Je suis une folle de fringues, dès que je vais séjourner quelque part, ma valise est souvent prête depuis longtemps! J'emporte limite ma chambre! Et là, alors que je pars pour trois mois, rien n'est prêt! Je ne réalise pas que je pars aussi longtemps loin de chez moi, des miens. Je n'ai même pas profité de mon amoureux, rien n'est planifié, pas même une soirée en tête à tête! D'ailleurs, je lui dis que j'ai pas l'impression de partir!)

De toute façon, il est prévu qu'on se révoit samedi pour se dire au revoir.

Je ne sais plus ce que je fais ce jeudi soir, mais ma valise n'avance toujours pas...
Durant la nuit, mon père est souffrant, ma mère l'emmène à la clinique près de chez nous. Ce sont ses coliques, il a des calculs rénaux. Il y reste jusqu'à vendredi après-midi.
Même si cet évenement bouleverse mes plans, vendredi 30 mai donc, je vais avec ma mère faire des achats tels que shampooing, démaquillant, gel douche, etc... Je regarde les fromages, ma maître de stage anglaise m'en a demandé, finalement je décide d'en acheter plutôt le samedi, ça sera plus frais!

Je fais donc ces achats et avec ma mère nous allons récupérer mon père de la clinique. Arrivés devant la maison, mes parents descendent, je passe au volant, je vais à mon rdv pour l'échographie. Il doit être 17H30. J'ai rdv à 18H.
Il fait chaud ce vendredi là...


J'arrive donc dans ce centre d'imagerie médicale, que je ne connais pas. On me fait un dossier. Je patiente en lisant un Paris Match. C'est mon tour, j'y vais.
La pièce a les stores baissés. J'enlève mon jean et m'allonge sur le ventre sur la table, le radiologue me questionne sur les symptômes, tout en commançant à faire l'écho.
Au bout de quelques minutes, il me dit qu'il n'y a rien, que c'est sans doute une sciatique. Je lui dis que je sens quelques chose à ce niveau, en lui montrant la zone, il me dit qu'il va re-regarder.
Silence.
Et là il me dit effectivement, "vous avez raison il y a quelque chose, UNE MASSE". Je ne sais pas ce que c'est, je ne panique pas tout de suite, enfin je crois. Le radiologue me dit que si j'ai le temps, son collègue peut faire un scanner pour en savoir plus. Je suis partante. Je monte à l'étage, et patiente.
On m'apelle, m'installe dans la machine. Première fois que je passe un scanner, je commence à paniquer. L'examen commence, la manipulatrice revient en me demandant si je suis allergique à l'iode. Elle me dit qu'on va m'injecter un produit pour mieux voir. Je suis ok, c'est parti. Quelques minutes plus tard, alors que dans ma tête c'est la tempête, c'est fini.

Je patiente dans la salle d'attente. Je pleure, je me dis que c'est un cancer, un cancer de quoi je ne sais pas mais un cancer. Je suis pitoyable sur cette chaise dans cette salle d'attente un vendredi vers 19H30.
J'envoie un message à ma mère et mon homme, ils sont dubitatifs, et me disent d'attendre, de ne pas paniquer. Je leur en veux de ne pas avoir accouru tout de suite. Car je me sens si seule à ce moment là. Je viens pour un examen qui me semblait être une formalité et vlam dans ma gueule.
Je regarde par la fenêtre ma voiture. J'essaie de ne pas y penser, même si des larmes amères coulent le long de ma joue.
Enfin on m'appelle. Le radiologue me fait asseoir, me montre le scanner, me parle de tumeur, tout en me disant qu'il ne sait pas si c'est bégnin ou malin. Il préconise un IRM et une biopsie. Il me dit aussi qu'il a appelé mon médecin, que celui-ci m'attend. Il me dit bonne chance...

Je prends mes clichés, et vais payer mes actes. Je reprends ma voiture et direction mon médecin, tout en continuant de pleurer en silence.

Arrivée chez mon docteur je suis seule dans la salle d'attente. Je préviens mes parents, apparament il y a du monde chez moi, ils sont venus pour me dire au revoir avant mon départ, donc mes parents ne prêtent pas vraiment attention à ce que je dis. Seule ma meilleure amie me propose de venir, mais je refuse...
Le médecin vient me chercher, regarde mes clichés... Il me dit que cela peut être bégnin. C'est sans doute ça d'ailleurs. Je lui fait remarquer le mot tumeur sur le compte rendu, là il évoque la possibilité de cellules pré-cancéreuses ou cancéreuses. Jargon médical. Je pleure. Cancer, le mot est dit...
Il connaît mes projets et donc mon départ dimanche. Il me dit hônnetement de tout annuler. Il me fait une lettre pour mon école, et une pour un chirurgien orthopédique, tout en m'assurant que c'est un bon chirurgien.
Ainsi, je rentre laminée avec le mot cancer, qui résonne dans ma tête. Je pleure de plus en plus.
J'arrive devant chez moi, des enfants jouent, et moi je vois mes projets s'éffondrer, une maladie sortie de je ne sais où...

Je rentre, ma mère ouvre la porte, je pleure à chaudes larmes. Il y a beaucoup de monde chez moi, et pour mon père qui est sorti de clinique et pour moi qui doit partir le surlendemain.
Ma mère me dit de me calmer, d'aller me débarbouiller dans la salle de bain. Mais j'ai une tête qui fait peur, le teint livide. Dès que je rentre dans le salon, les regards se tournent et j'éclate en sanglots. Je suis donc obligée de tout raconter devant tout le monde. On se "moque" gentillement de moi, en me parlant de kyste que tout le monde a, que les médecins sont alarmistes, que mon départ n'est pas annulé mais reporté...
Que des paroles, dont je ne crois pas un mot, pour moi c'est vendu, c'est un cancer.
Une fois le monde parti, mes parents m'interrogent, mais pour eux aussi ça ne peut être que bégnin.
La suite de la soirée est un peu flou. Je ne me souviens pas vraiment de comment j'ai réussi à dormir, à manger, ...

Ainsi, nous voilà un an après cette date fatidique qui a changé ma vie a jamais... Une date à laquelle où tout a basculé. Une date à laquelle où j'ai compris que tout ne tient qu'à un fil...

3 commentaires:

les fives a dit…

je connais cette situation, je la vie en te lisant ! je t'embrasse

Sophie a dit…

je vais pas tarder à "fêter" les 1 an de mon diagnostic moi aussi. Et les premiers symptômes que j'ai as compris le jour de mon anniversaire...
C'est dur mais faut continuer d'avancer.
bisous.

veronique29 a dit…

Il est vrai que dans une situation comme celle là on doit se repasser "le film" car on ne l'a pas digéré.C'est comme quand on perd quelqu'un, ça peut hanter..
Mais quand tu aura repris des activités, tu y penseras moins car tu auras ta vie à construire, à vivre...
J'espère que les séances de kiné te profite et que tu en ressens les bénéfices..
Moi j'aime beaucoup te lire, alors continues!
Véronique