mardi 16 juin 2009

Mon paradoxe

Quelques jours que je n'ai pas écrit. J'avais entamé une sorte de rétrospective en essayant de me remémorer ce qui s'est passé un an plus tôt, au tout debut de ce combat...
J'avais envie de faire ça dans le but de ne pas oublier, pour qu'aucun détail n'échappe à ma mémoire... Comme une sorte de rituel, de pélerinage... Des fragments me reviennent, des bouts de conversations... Je peux me repasser cette année de cancer comme un film. Chaque instant, chaque moment, chaque "souvenir" est gravé en moi. Je n'arrive pas à m'en défaire...
J'y reviens tout le temps. Chaque fois que je crois en avoir fini avec ça, j'y reviens... Pour en dire des choses contradictoires, différentes... J'imagine toujous pouvoir en finir un jour avec ça, le cancer. Impossible, il est fondateur. C'est en même temps ce qui me défigure, me marque à jamais, mais aussi ce qui me constitue.

Mais à côté de cette blessure indélébile, de cette cicatrice à la fois réelle puisque mon corps porte les traces de ce cancer, mais aussi imagée puisque mon âme aussi à la sienne, je vis. Comme je l'ai déjà dis, je reprends ma vie. Voilà tout le paradoxe...

Je me souviens que de ma chambre d'hôpital, lorsque je n'avais plus la force de me lever, lorsque je vomissais mes tripes, lorsque mon reflet dans la glace n'était qu'une ombre, je ne pensais qu'à une seule chose: la fin de mon calvaire!
J'avais l'impression que le temps ne passait pas, que dans cet hôpital, le temps était figé. La terre tournait pour tout les autres, mais pour moi elle s'était figée...
Et je me disais que je n'en verrais jamais la fin, et que même si la fin de ces cures arrivait, même si tout se "passait" bien pour moi, même si mon protocole était respecté au jour près, et bien je ne pourrais oublier toutes ces souffrances... Ca faisait beaucoup de SI...
Et pourtant... La fin des cures est arrivée, le protocole finie, mon premier bilan bon. Ce qui me semblait insurmontable finalement est terminé, ça a peut être mis près d'un an, mais bon, c'est arrivé, et c'est ce qui compte!

Finalement ces mauvais souvenirs ne nous empêchent pas de revivre. Et je ne pense pas que ce soit propre à la maladie, c'est valable pour toutes les choses de la vie.

De ce coup porté je boîterai longtemps (au sens propre comme figuré), mais je suis toujours debout et j'avance toujours, du moins j'essaie...

Mais si je continue d'avancer, c'est grâce notamment aux nombreux donneurs qui grâce à leur sang et plaquettes m'ont permis d'être transfusée une dizaine de fois.
Alors que mon hémoglobine (globules rouges) était à 5,6 que mes plaquettes à 6000, que je n'avais plus la force de tenir debout, de marcher et garder les yeux ouverts, alors que mon corps était recouvert de bleus, et que même mes lunettes faisaient un bleu sur mon nez, j'ai toujours trouvé un donneur qui avait donné de son temps pour moi, pour nous les malades... Et ce même un 31 décembre!

Pour pouvoir lire encore beaucoup de témoignages comme le mien, DONNEZ!!!
C'est un acte d'amour, un acte de vie...

Malheureusement, je ne pourrais jamais donné, ma mère non plus (déjà transfusée), ni mon père (diabétique), j'invite toutes les personnes qui sont en bonne santé à le faire. Vous avez cette chance, alors partager la avec les malades... Et surtout avec l'été qui commence. A l'Institut Curie, une infirmière m'avait dit que les dons se faisaient plus rares pendant les vacances estivales et les périodes de fin d'année.

Je crois que vous avez tous compris que j'ai regardé l'émission de Jean Luc Delarue sur France2, consacrée au don de soi, grande cause nationale 2009. Emission qui m'a fait versé des larmes, de par le témoignages des malades (Axel, Audrey, Cédric) mais aussi des gens qui luttent pour cette cause (Stéphanie Fugain, Adeline Blondieau, Charlotte Valandrey, etc). Pour que tout ça ne soit pas vain, D O N N E Z!!!

5 commentaires:

les fives a dit…

tout est dit et tellement bien dit
je t'embrasse
LN

Anonyme a dit…

C'est beau ce que tu dis !!!! Je donne déjà et j'essaie de ralier à cette cause, pas toujours facile... mais globalment je suis toujours impressionnée par le nombre de donneurs de notre petit village.
Cette année les enfants des écoles ont été invités à assister à ces dons de sang et ils sont venus nous voir pendant que nous étions installés.
Ils nous ont posé beaucoup de questions auxquelles nous avons répondu avec beaucoup de justesse.
J'ai trouvé cette initiative exemplaire, il faut rendre ce acte banal, normal.
Alexia

Riri a dit…

Bonjour Pelinou !

Je suis votre combat depuis l'ouverture de votre blog, et j'aime beaucoup votre façon d'écrire...je vous l'avais déjà dit je crois.
Justement, ce que vous dites sur le don dans cet article m'interpelle, et j'aimerais, si vous le permettez, en reprendre un extrait sur mon blog. Seriez-vous d'accord ??
Enfin, je vous envoie toute mon amitié pour faire face "à la vie", qui si elle est l'ennemie de l'amour, malgré tout ne peut totalement en être dissociée. La vie est belle, elle est dure, mais elle est belle.

Bien amicalement

Riri

Pelinou a dit…

Bonjour Riri,

Merci pour vos encouragements :)
Ca fait chaud au coeur en ces temps difficiles!
Vous pouvez bien entendu citer mes écrits, je souhaite juste que vous citiez également mon nom et un lien vers mon blog :)
Et vous avez bien raison la vie est belle, mais si dure. J'aurai dû l'apprendre avec le cancer, à croire que non. Je suis encore bien trop naïve...
Bises

Riri a dit…

Bien sûr, ce sera fait ainsi ! Je n'aurais pu vous citer, sans en donner l'auteur !
Merci!

Même si cela fait mal, je suis persuadée que la naïveté peut avoir du bon...peut-être pour nous permettre de nous émerveiller à nouveau ??

Bien amicalement

Riri